La réunion s'éternisait, j'étouffais quelques bâillements. Mes yeux se sont posé sur la feuille d'émargement. Mon esprit s'est évadé en regard ces lignes avec un paraphe au bout, le mien au milieu de la page. Je revoyais mon cahier de texte de première. Ma signature n'était pas encore fixée. J'essayais des trucs. Ça se basait sur celle de ma mère, souple et délicate. Je n'aimais pas celle de mon père, anguleuse et posé rageusement. Puis en cours d'année, j'avais trouvé une idée. Et sur chaque ligne du cahier de texte, je sanctionnais chaque chose faite par le dépôt de ce signe. J'avais même repris tout au début pour compléter les lignes de premiers mois. Le signe s'améliorait au fil des pages. Je pouvais être fier de moi.
Une copine me regardait faire à la fin d'un cours. Je tournais les pages du cahier. Je signais quelques lignes oubliées.
C'est quoi ça, ce signe ? C'est ta signature ?
Je la regarde. Sourire. Oui.
Mais pourquoi tu écris "cul" ?
Je la regarde, effaré. Je reviens sur la page. Dans cette calligraphie où je ne voyais que chastes entrelacs, le "cul" me saute aux yeux. Je tourne les pages. Comment n'avais-je pas vu ? Horreur. En ce temps, il ne fallait pas me parler en dessous de la ceinture. Rien de tel pour me mettre mal à l'aise avec des sujets que je trouvais la plupart du temps grivois et sur lesquels je ne connaissais rien à rien.
J'avais écrit "cul" sur toutes les pages de mon cahier de texte !
Elle souriait de mon effarement.
J'ai tourné toutes les pages, je me suis appliqué à ajouter une biscouette sur tous les signes.
Ma signature est partie de là.
Un plan cul en quelque sorte.
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