Oui, j'ose l'adjectif substantivé, contre tout académisme...
J'ai couru les routes pendant quelques jours. J'en ramène deux ou trois choses.
La République est toujours en danger
Un endroit improbable où tu ne passeras sans doute jamais, dans un désert montagnard. L'église est en contrebas du village. Elle surgit du fond des âges, passablement remaniée. J'ai un peu de temps devant moi, pour une fois je suis en avance. Sur le panneau d'affichage, une miscellanée. Des textes religieux, quelques poèmes naïfs - des odes à la foi et à l'amour -, un sketch de Raymond Devos - c'était Dieu qui priait ("l'homme existe, je l'ai rencontré"), et celui-ci :
« Lorsque les pères s’habituent à laisser faire les enfants, lorsque les fils ne tiennent plus compte de leurs paroles, lorsque les maîtres tremblent devant leurs élèves et préfèrent les flatter, lorsque finalement, les jeunes méprisent les lois parce qu’ils ne reconnaissent plus, au-dessus d’eux, l’autorité de rien et de personne, alors c’est là, en toute liberté et en toute jeunesse, le début de la tyrannie. ». Platon
Le texte est classique. C'est de le trouver là qui me touche, cette semaine, en un lieu où brille encore la lumière un jour d’éclipse de soleil.
Je suis entré. Je suis resté assis à la tribune le temps de la minuterie, les yeux égarés vers la voute en plein-cintre qui ouvrait sur le chœur éclairé. J'ai pensé aux femmes de ma famille qui avaient la foi de Dieu, et leurs hommes celle de la République.
Dialogues
Un escort affiché avait essayé de me
tenter. Un étudiant qui finance ainsi ses études. Je ne juge pas mais j'en reste ébahi comme je suis interpellé de voir ce commerce prospérer alors qu'il est si facile aujourd'hui de faire des rencontres. Sans doute mon rapport au monde, à l'argent, au sexe, et ma naïveté.
Un jeune homme attendait assis sur le banc dans la nuit. Il était beau comme un ange. L'image de Maurice est passée entre nous. Nous avons échangé quelques mots. Je ne sais pas si je vais me lancer. Je ne vois pas ce que je recherche. Il espérait plus jeune.
Charmant. C'est le mot-reflet qui revient toujours de mon image. Je vais finir par le croire.
Avec les yeux
Cette façon qu'il a eu de me donner sa bouche avec ce regard souriant. Sa peau était très douce. Le reste n'a eu guère d'importance. Il est parti le premier en me tendant une dernière fois ses lèvres.
Des voix
J'ai déjà parlé des voix d'Inter.
Mercredi soir Pascale Clark recevait Jean-Luc Hees. Pascale Clark n'est pas ma voix préférée. J'ai toujours trouvé qu'elle sonnait creux. Ici et sur Canal. Creux comme ses questions. Cette façon de tendre des perches transparentes
sensées j'imagine révéler le meilleur de l'interlocuteur. Cet entretien
fut le comble de l'inutile. Il me restera de Jean-Luc Hees le souvenir
de Synergies, et plus tard, celui du directeur de l'antenne revenant de sa voix chaude assurer la traduction simultanée de l'anglais dans les journaux.
Un homme qui me semblait aimer les gens. Comme Augustin Trapenard, dont
je n'avais pu jusqu'alors qu'écouter les introductions. Ses dialogues avec Fred Vargas et Agnès B., jeudi et vendredi, m'ont ravi. Il n'y a pas de doute, lui aime les gens. Une des belles voix d'Inter.
L'homme à la vie inexplicable
Je termine un roman poétique dont le souvenir m'émouvra à jamais.
« Bientôt l'envahit une tranquillité si émouvante et légère qu'il ferma à demi les yeux pour ne rien perdre de ses saveurs. Pourquoi avait-il cru la paix morte en lui, à jamais éloignée ? Elle était là à nouveau, forte, délicieuse, intacte. Laissant aller ses pensées, l’esprit traversé d'appels d'oiseaux, au loin, dans les feuillées ensoleillées, " quand on endure le tourment, se dit-il, pour toujours, on se croit son esclave, et quand la paix est de retour, ce sont les souffrances qui semblent n'avoir jamais été, ce sont elles qui s’effacent dans un passé ,tout à coup si lointain que l'on se prend à douter de l'avoir traversé. Quel homme de mauvaise foi ai-je été pour avoir cru mon malheur infini dans cette vie où rien n'est durable ni sûr, sauf les changements et retours incessants des êtres, des sentiments, des corps, des saisons et des jours !". ». Henri Gougaud
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