dimanche 17 novembre 2019

Évasions

Un déplacement qui dérape. Tu te retrouves sur un péage d’autoroute à tendre le bras. Depuis combien je n’avais pas non pas fait ça mais attendu aussi longtemps ? En deux heures, à l’entrée d’une grande ville chef-lieu de département, tu vois passer des milliers de véhicules. Tu imagines des profils à la tête du carrosse et du cocher. Que les voitures sont devenues grosses ! Énormes même. Quel est ce besoin ? Imagine des caisses d’il y a 30 ans avec la technologie d’aujourd’hui ! On ne consommerait pas grand chose. Est-ce que nos culs ont tant grossi qu’il faille autant de place ?
Merci à ces deux hommes jeunes et beaux dans deux genres aussi différents que possible qui ont pris la peine de s’arrêter. Le premier a fait un joli crochet pour traverser toute la surlargeur. Brun, mince, costumé, sans doute partant pour quelque réunion sérieuse dans sa petite voiture de service. Le deuxième conduisait un combi hors d’âge avec des chiens, un jeune à capuche, à la barbe brune de trois jours. Tous les deux avaient un beau sourire et étaient à croquer. Mais nous n’avions pas la même destination. Ce n’était pas grave, deux personnes sur quelques milliers s’étaient arrêtées.
Je m’interrogeais sur qui circule en pleine matinée. Il y avait beaucoup de poids-lourds. Dans mon enfance, on voyait au cul des camions l’autocollant « les routiers sont sympas ». Je n’ai jamais vu un routier s’arrêter pour me prendre. Jamais non plus un couple de retraité. Des hommes et des filles seules de tout âge, mais rarement des couples, a fortiori au delà d’un certain âge. Celui qui m’a fait décoller était chenu. On s’est trouvé des centres d’intérêts communs, mais opposés. J’ai tenté la pédagogie, peu certain qu’il en reste quelque chose. Mais j’optimisais mon temps professionnel. Avec le stop et le covoiturage, je fais forcément des rencontres improbables. Il en reste toujours quelque chose, dans les deux sens.
Après je les ai enchainé. Trois autres voitures, des solitaires d’âge mûr. Hommes, femme. Débat de société. Ce qui part en couille. Pas trop café du commerce. J’arrivais très en retard sans avoir vraiment perdu mon temps. Dans une autre vie, je partirai sur les chemins.

PS : des territoires commencent à organiser l'autostop. Ça n'est pas arrivé encore ici, mais à suivre.


2 commentaires: