Un dimanche de fête, nous roulions vers un petit village cher à mon cœur. Juché sur un roc maçonné par de hauts remparts, face à la montagne. J'avais 10 ans quand je découvrais ce site étonnant. Un village serré autour de son temple, l'église à l'extrémité, hors les murs, à la place du château rasé lors de guerres anciennes. J'ai couru ici des dimanches entiers.
Pendant que mes parents conversaient avec la belle famille de l'ainé, j'arpentais la campagne avec les chiens. Je gravissais les collines. Je cherchais les sources et je descendais les ruisseaux. Je ne me perdais jamais et je rentrais à l'heure. Je ne savais pas encore qu'on appelait cela le sens de l'orientation. J'avais trouvé ici de nouvelles grands-mères semblables à ma veuve noire. J'ai construit là de nouvelles racines, sans que personne n'y prenne garde. Comme il m'en a coûté, plus tard quand ce monde s'est effondré.
Nous venions pour fêter un anniversaire, après des années.
Comment la vie tourne curieusement. Autrefois, on savait que la vie passait, que les gens partiraient. Mais les absents partaient au cimetière. Dimanche, certains y étaient bien sûr, mais pas seulement ceux qu'on pouvait imaginer alors, comme Elle partie si tôt. Et d'autres absents étaient ailleurs. Partis recomposer leur vie. Et pour nous qui étions toujours là ? Bien sûr, certains présents avaient recomposé aussi bien des choses. Enfin, tenté de recomposer.
Nous avons parlé un peu du passé. Comment ne pas le faire ? Refait des gestes. Monté sur la colline, évidemment. En soulier de ville... Comme toujours après un repas. Montré aux nouveaux. La vue, la source, la trace de ce que nous avions vécu. Parlions-nous du même temps et des mêmes choses, entre jeunes et moins jeunes ? Mais il fallait en parler, marquer l'espace de nos bras tendus.
Des ombres planaient discrètement. L'absent, parti recomposer depuis si longtemps, avant le drame. Et puis Elle, comment ne pas y penser, Elle était en nous, tout le temps, bien sûr. Le soir avant de repartir, nous sommes monté au village. Je me suis baissé devant la tombe massive, presque incongrue dans le cimetière protestant. Elle ... (195x-199x).
Je n'avais pas lu ce beau billet aux couleurs d'un soleil de novembre...
RépondreSupprimerMerci Tambour le grand, je suis toujours ravi de ton passage ! Je te dirais le nom du village, je suis sûr qu'il te plairait.
SupprimerJe suis tout ouïe :)
SupprimerC'est dit :)
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