samedi 18 avril 2015

Métro pas du tout sexy ni sexuel

Tu te souviens encore de cette liasse de feuillets détachables héritière de la lettre de change qui te permettait de régler tes dépenses. Le vendeur remettait ensuite ce titre à sa banque qui le transmettait à la tienne. La somme considérée basculait alors de ton compte à celui du tiers. Tu as peut-être même connu l'époque où ce titre était endossable au porteur. Tu pouvais te présenter au guichet et on te donnait la somme en espèces sonnantes et trébuchantes.
Désormais il n'est possible d'endosser qu'au profit d'un établissement bancaire ou assimilé. Entre parenthèses, je me suis toujours méfié de l'assimilation, et je refuse qu'on m'assimile à quoi ou qui que ce soit, n'en déplaise à tous les abbés Grégoire de la terre. Mais je m'éloigne. Quand tu as perdu ta carte bancaire, tu oses espérer que ton chéquier te permettra de pallier cet inconvénient. Au moins dans les services publics où assimilés. Je ne saurai en effet prétendre à ce que dans notre monde libéral les entreprises acceptent obligatoirement ce mode de paiement que je considère moi-même comme désuet. Et bien non, je pense que j'aurais eu plus de facilité ce matin là à acheter des tas de produits divers et variés qu'un vulgaire ticket de métro. Sache en effet si tu es provincial [j'adore ce mot tu imagines bien] et sans carte bancaire [à titre exceptionnel car je n'ose imaginer que tu n'en as jamais] sache donc que les guichets de la régie autonome des transports parisiens n'acceptent que la carte bancaire comme seul moyen de paiement. Tu te demandes bien à quoi ça sert de vendre des tickets au guichet si c'est pour proposer strictement la même chose que le distributeur tout proche. Même les espèces ne sont pas acceptées car il y a un distributeur spécialisé en cette matière. Oui mais ce jour en la station où je prenais conscience que j'allais être vraiment en retard à un rendez-vous important ledit distributeur était à la distribution ce que Radio France était encore aux médias. Sache encore cher lecteur provincial [car le lecteur parisien ne connaît pas ce problème armé de son coupon mensuel qu'il a pu acheter avec la prévoyance qu'on lui connait tant exercé qu'il est à l'adversité de la capitale], sache donc cher lecteur qu'un seul guichet de la régie susnommée accepte le moyen de paiement susvisé dont l'auteur de ce billet encore agacé voulait user. Le guichet de la place d'Italie. Quand tu es à la station Bonsergent [Jacques de son prénom, rien à voir avec la chose militaire] et que tu dois filer dans l'est parisien, tu n'as guère le temps de faire un crochet par la place d'Italie [comme il m'agace ce correcteur orthographique qui veut absolument mettre une majuscule indue à place de la place d'Italie], d'autant que tu n'as bien évidemment pas de ticket de métro pour y aller et que tu ne vas pas gaspiller le liquide qui te reste pour prendre un taxi. Dans ce cas là, tu peux soit enjamber la barrière devant le médusé préposé de la susdite [ce que j'avais déjà fait la veille pour une tout autre raison], soit essayer de délester un voyageur d'un ticket en usant de ton plus beau sourire ou en passant en mode cadre respectable stressé par l'horreur qui vient de lui arriver et de ce ciel qui lui tombe sur la tête à l'image d'une des sept plaies de l'Égypte [un peu sur le modèle de cette honorable mère de famille bien mise qui a réussi à te taxer 2,9 € la veille à la gare du Nord au prétexte qu'elle avait tout perdu, qu'elle ne pouvait rejoindre son pavillon de banlieue et c'était tellement bien joué que je suis entré dans le jeu]. Bien sûr j'aurais aussi pu rejoindre à pied la station République si proche mais alors autant rater ma réunion et aller batifoler en ville [non, pas du côté de la place d'Italie]. Finalement j'ai été sauvé par un vieux ticket de plusieurs zones oublié au fond de mon cartable que je ne pensais pas utiliser de sitôt pour sa réelle destination.
Je m'engouffrais enfin dans les profondeurs du métropolitain. Je n'avais pas fini d’explorer tous les déboires de mon étourderie [perdre sa carte bancaire dès l'arrivée à Paris] notamment lorsqu'il s'agirait de régler de la facture de l'hôtel [mais ça c'est une autre histoire, un autre jour, un autre stress].
Ce épisode n'a toutefois pas eu raison de ma bonne humeur et j'ai passé du bon temps tant professionnel que personnel, comme tu as pu t'en douter ici.
Ah oui, que viennent faire ces crochets italiqués ? Juste un clin d’œil au spécialiste du genre. J'avais envie...





1 commentaire:

  1. je crois que je prends le clin d'oeil final pour moi...(en tous les cas, j'attends la suite de MAtthieu)

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