lundi 16 mars 2020

Interrégime #1 confiné

(c) Jean-Yves Decottignies
Deuxième jour de l'Interrégime. Plus rien ne sera comme avant. Je ne vois pas comment il pourrait en être autrement. Nous allons vers autre chose : quoi, quand, comment, et avec qui ? Nul ne peut en préjuger aujourd'hui.
J'ai clairement du mal à me concentrer sur mon télétravail. Je fais une pause pour écrire ces quelques lignes.
Je suis consigné depuis ce matin. Un proche qui vit avec nous était en attente de diagnostic. Finalement c'est autre chose.
Hier je suis allé voter. Nous avons croisé pas mal de connaissances, difficile de faire moins dans un aussi petit lieu. Tout le monde se tenait à distance respectable. J'ai l'impression que nous avons une meilleure conscience qu'en ville, mais c'est aussi plus facile à appliquer.
J'ai pris toute les mesures nécessaires à distance. C'est compliqué, des collègues paniquent un peu et il faut gérer tout ce stress.
On attend pour la semaine des mesures complémentaires, jusqu'où ira-t-on ? On ne mesure plus rien : il n'y a pas assez de tests pour diagnostiquer tout le monde. Les statistiques sont donc fausses.
Les frontières se ferment les unes après les autres.
Les rayons sont vides mais il y a encore du stock et, les pilleurs de rayons étant gavés, on pourra faire quelques courses cette semaine.
On va bien voir ce que nous dit le Président ce soir. Pour le moment, il faut compter sur ce qu'il reste de l'hôpital public mais notre homme sera-t-il à la hauteur pour l'après ?
Je suis donc convaincu que plus rien ne sera comme avant.
Ce qui m'interroge le plus c'est qui allons nous perdre ces prochains jours, qui avons nous vu pour la dernière fois il y a peu. C'est peut-être le moment pour les plus anciens, ceux notamment qui attendaient depuis si long et commençaient à trouver le temps. Mais pour les plus jeunes ?

"Avant que la peste n'arrive à Avignon, je croyais ma mère immortelle. Dieu la garde, je ne me souviens pas de son visage éteint [...]. En vérité, nous soupçonnons parfois notre mémoire d'enchanter faussement le passé, alors qu'elle est fidèle à ce qui fut, et que seules sont trompeuses les mélancolies qui nous font douter d'elle." Paramour.

Le grand frisson avant la nouvelle route.


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