lundi 10 mars 2014

Le temps s'arrête un instant

J'avais essayé de me préparer depuis des années à l’inéluctable rupture définitive du cordon ombilical. Je savais bien ce dernier dimanche où j'avais pris sa main que c'était la dernière fois et qu'elle partirait après que je sois venu lui dire adieu.
Quand je l'ai revu quatre jours plus tard, je ne l'ai pas reconnue dans son voile de deuil. Étrange comme le corps se fige dans sa posture finale laissant une image dans laquelle chacun reconnaitra peut-être un vague souvenir d'une expression passée. Le deuxième jour j'ai pu trouver l'angle de vue qui me permettait de garder le sentiment que c'était bien elle qui était partie. Le troisième jour je suis resté jusqu'à la fin quand la cire vient cacheter les deux extrémités de la boite. Comment ne pas penser à Cerise et à ce même instant pour elle alors que sa fille était là cette fois près de moi. Nous étions seuls avec ceux qui officiaient. Je n'aurai pas besoin ainsi de lui raconter comment un corps s'en va pour son dernier voyage. Elle mettra des images enfin sur ce qu'on ne lui avait pas laissé voir il y a tant d'années maintenant.
La veille j'étais allé voir Cerise et la veuve. Je leur avais porté les mêmes roses rouges que celles qui allaient accompagner ma mère. Le petit garçon que j'étais redevenu leur a demandé avec ses mots d'enfant de ne pas se déchirer, là-haut, au cas où il s'y passe quelque chose.
L'adulte est revenu apaisé prêt à affronter la suite. Une page de ma vie était tournée. Une porte s'était refermée avec tout ce qu'on ne saura jamais, mais c'est comme ça la vie. Désormais, le meilleur du passé allait pouvoir resurgir et souder ceux qui restaient.

2 commentaires:

  1. C'est dur tout ce que tu vis. Mais c'est très bien écrit en tous les cas. Courage pour la suite.

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    1. Depuis les roses ont fané, j'ai gardé quelques pétales en secret.

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