La question de la sexualité n’était pas absente de nos discussions tardives dans quelque salon libéré par des parents pour une soirée, mais jamais nous ne fîmes de lecture érotique collective, réservant plutôt cet exercice à des histoires fantastiques comme celles de Poe - il eût suffit que je sorte Emmanuelle de la cachette de mon père. Dilou n’envisageait aucune relation avant le mariage alors que R. avait tenté l’expérience avec une professionnelle. Les trois autres restaient discrets sur le sujet et s’imaginait aller où le vent les mènerait. S'il ne fut jamais question de relation avec des hommes, il n’y eut pas d’expression particulière sur l'homosexualité. C’est dire dans quel monde nous vivions.
La pudeur régna en tout temps pendant ces quelques mois où nous enchaînâmes les soirées et les vacances à la campagne sans aucune gent féminine. Je n’ai aucun souvenir d’une nudité quelconque a fortiori évocatrice. Les plaisirs solitaires furent seulement évoqués une fois par R. lorsqu’il découvrit le miroir à l’intérieur de la porte de mon placard. Il suggéra que j’en usais pour me branler ce qui était vrai mais que je niais avec autant de vigueur que ce qu’il imaginait. Pourquoi n’ai-je pas avoué cet acte à l’un de mes meilleurs amis du moment, le plus ouvert de tous à ce type de conversation ? Il n’avait pas insisté. Pour autant, je veux penser que sa recherche d’expériences variées l’aurait conduit à partager un moment sensible avec moi.
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