jeudi 13 janvier 2022

Au cabinet de ma curiosité

Dans la salle d’attente, je me suis assis dans un angle mort. Quand il vient me chercher il s’adresse à la seule personne visible, prononçant mon nom en interrogation. Je surgis de l’angle. Non, c’est moi.
Il est grand brun, mince, tout de sombre vêtu jusqu’au masque qui met en valeur son regard, jusqu’à ses cheveux bouclés mi longs. Je le suis dans le couloir sobrement impersonnel. Le cabinet est dans la même veine de couleur avec un mur plus soutenu en coordonné. Le bureau blanc est un peu ridicule dans son apparence et son format. La pièce aurait supporté plus grand et plus dessiné. Les appareils sont repartis sur le parquet. Il lit la lettre puis l’écoute attentivement. La consultation commence. Il est tout en douceur, sa voix, ses mains qu’il pose à plusieurs reprises sur moi, ses doigts qui cherchent les failles. Je passe un moment agréable. Il pose son diagnostic et je repars rassuré. Le traitement est acceptable. Je reviendrai une fois par an. Je le verrai vieillir. A un moment, on doit choisir une prochaine date. Là c'est trop tard, il a sa petite. Je me trouve à regretter qu’il soit hétéro et aussitôt, que mon cerveau est assez convenu. Il faudra qu’on en reparle entre nous.


6 commentaires:

  1. Ah ah, il vaut mieux rester dans un cadre professionnel, malgré toutes les envies et les fantasmes que ce genre de contacts peut laisser imaginer. :DDD

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    1. Oui ! En reparler, je voulais dire avec mon cerveau convenu. Ceci dit dans ce genre de situation, il fait assez bien la part des choses et ne sollicite pas ma nature érectile…

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  2. Oui, cerveau convenu? tu veux dire que ce n'est pas parce qu'il a des enfants qu'il est nécessairement hétéro, n'estcepas? mais que ton cerveau est bien formaté...

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    1. Oui, c’est ça … on a de ces réflexes parfois…

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    2. J'ai exactement le même réflexe. On est réac parfois. :DDD

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    3. Je me suis surpris récemment à exprimer un bref étonnement devant une personne qui parlait du mari de son frère, la honte.

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