vendredi 9 octobre 2020

Un souffle corse

J’avais parfaitement préparé mon séjour mais comme souvent des grains de sable se sont glissés. Je l’ai déjà écrit, les réservations de gars doivent se faire à la mode hôtelière ou aérienne. Il faut toujours surbooker... mais j’ai la plupart du temps assez de réserves et d’empathie pour ne pas le faire. Malgré tout, j’avais surbooké les deux derniers soirs. Pour le premier, rendez-vous était pris avec un homme qui me pistait depuis longtemps, s’inquiétant régulièrement de mes passages parisiens.
Cela semblait un peu compliqué car il était en couple mais je sus ce jour-là que c’était un couple libre qui se ménageait des escapades non partagées. Un regret pour moi, car je ne suis jamais arrivé à entrer dans l’intimité d’un couple d’hommes. C’est une expérience qui risque de me manquer quand j’arrêterai mes pérégrinations par la force de l’âge et du temps. Faut-il que je lance un appel ? Bref, il m’avait rejoint dans mon bnb proche de Bastille, un de ces studios improbables où une fois assis sur la cuvette des toilettes et refermé la porte tu prends conscience d’un avantage à ne pas s’être épaissi et avoir gardé de la souplesse. Il y aurait fort à faire en ces temps d’inclusion forcenée où j’ai l’impression parfois qu’on privilégie l’affichage au fond. Le pire est que je rencontre aussi ce genre de situation dans des hôtels.
Bref encore, comme souvent je ne savais pas quoi attendre de cette soirée car j’étudie rarement les goûts et les couleurs de mes camarades de jeu, tout au plus quelques échanges de vues mais je fais surtout confiance à l’ambiance et à la chaleur humaine. Je n’aime rien tant que les surprises et gérer l’inconnu. J’ai eu la chance de ne jamais trop rencontrer de situations délicates ou insurmontables. Nous conversâmes avec tendresse, nous découvrant de la main sans basculer dans des corps à corps effrénés comme si le regard et la vue d’ensemble restait nécessaire pour nous apprécier. Nous étions deux hommes mûrs appréciant de l’autre ce qu’il avait gardé de sa jeunesse. Il lui en était notamment resté une peau très lisse et son accent corse et avec ce timbre caractéristique que laisse une langue dans laquelle on a suffisamment baigné.
Les jeux de mains se sont conclu dans une branle réciproque, une danse de couple qui nous conduit à un plaisir partagé. Il n’y eut pas d’embrassade enflammées, seulement des baisers sur nos lèvres. 
Je n'analyserai pas pourquoi nous n’allâmes pas plus loin. À quoi bon des hypothèses, le moment était très agréable et je ne cherchais pas à m’épuiser d’entrée. C’était le meilleur des préliminaires pour monter crescendo dans ce programme de trois jours et trois nuits. Rien ne se passerait comme prévu cependant avec le lendemain cette soirée ou je failli mourir étouffé et le surlendemain ce retour à l’entre-deux-eaux imprévu mais néanmoins sympathique. C’était mon dernier déplacement de plusieurs jours avant de longs mois, nous allions entrer dans cette période troublée qui révolutionna jusqu’à nos comportements sexuels.
À te lire si tu es en couple libre et open, j’ai peur que mon ultime fantasme devienne irréalisable...



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