jeudi 3 mai 2018

Un peu voyeur

J’avais nagé vers l’extrémité de la plage où les rochers tombaient dans la mer mais je n’avais pas eu assez de souffle pour les atteindre. Je marchai alors sur les petits galets ronds qui crissaient et s’enfonçaient sous mes pas. Il y avait peu de monde. J’avais croisé une famille, puis deux hommes, qui bronzaient nus. Je suis arrivé à l’extrémité de la rade. Les rochers cachaient une anfractuosité qui s’ouvrait comme une grande alcôve. Un petit passage dans l’eau permettait de passer dans l’anse suivante. J’ai ôté mon mon maillot de bain.
Ça faisait bien longtemps que je ne m’étais ainsi exposé. Les séances de plage des derniers jours avaient suffisamment marqué mon corps pour que la différence ne soit pas invisible malgré ma peau plutôt mate.
Je regardais les mouvements sur la plage. Au loin un couple s’avançait d’un pas sûr. Quand ils furent plus près je devinai leur veste en cuir et leurs chaussures de motards. Mon regard oscillait entre eux et la mer. J’espérai un couple homo. Ils s’arrêtèrent juste avant la première paroi. Un homme et une femme. Grands. Lui brun avec une belle moustache. Elle blonde avec un carré, l’un des coté balayant son visage. Ils discutèrent un moment. Ils étaient trop loin pour que j’entende quoi que ce soit.
Un nouveau coup d’œil. Ils semblaient hésiter. L’homme se décida enfin. Les galets crissèrent derrière moi puis le bruit s’affaiblit. Je compris qu’il était passé sur le sable grossier de l’alcôve. Elle n’avait pas bougé. Je tournai la tête plusieurs fois. Elle semblait me fixer. J’ai fini par me sentir gêneur.
Je me suis levé pour leur laisser la place. L’homme dans l’ombre derrière moi avait posé ses affaires et s’était dévêtu. Il lui restait son caleçon. J’aurais au moins apprécié qu’il l’enleva mais non il se tenait debout mains sur les hanches, en attente, son regard passant de elle à moi.
Je me suis levé et j’ai filé entre les rochers pour atteindre la crique qui suivait, peuplée de quelques naturistes moins territoriaux. J’ai pris le soleil et j’ai nagé autour de grands blocs de roche enchâssés dans la mer.

Après ça, je m’ennuyai.

Je repassai du côté de l’alcôve. Le couple faisait l’amour, debout contre le rocher. Elle face contre la paroi les bras posés en hauteur, la tête tournée sur le côté, lui contre les mains sur ses hanches, offrant à la vue un arrière superbe, dos large, fesses rondes et cuisses solides.
Je me suis coulé doucement dans l’eau pour ne pas les déranger. Elle me vit cependant. Je distinguai à peine ses traits mais je la sentis gênée. Je nageai pour m’éloigner et les masquer par le rocher.
Et là je les ai trouvés vraiment gonflés de m’avoir viré, de se mettre à baiser alors que je pouvais revenir à tout moment, et me faire comprendre une nouvelle fois que je devais m’éloigner.

J’ai fait quelques brasses de côté pour simplement le voir réapparaître, à lui seul. Je me suis stabilisé dans l’eau pour le regarder.
C’était vraiment un beau mec de dos. Il la prenait avec de vigoureux mouvements du bassin. Je ne pouvais qu’envisager une belle queue et je me suis imaginé l’approchant et l’enfilant à mon tour comme dans cette scène d’Emmanuelle qui m’avait fasciné, où Jean interpose un homme entre eux. Peut-être m'attendaient-ils ?
Mais il a senti mon regard sans doute, a tourné la tête vers moi et s’est déplacé de manière à disparaître de ma vue.
Je les ai laissés à leurs ébats. L’idée que nous puissions manger à quelques tables de distance m’avait aussi effleuré.
J’allai m’échouer un peu plus loin sur la plage et je continuai à alterner les bains d’eau fraîche et de soleil.




2 commentaires:

  1. t'aurais dû rester allongé sur le ventre, ou plutôt sur le dos, à dormir tranquillement. Ils sont gonflés.
    "L’idée que nous puissions manger à quelques tables de distance m’avait aussi effleuré" curieux, cette phrase...il y aurait une suite ?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Le village était proche, nous y prenions nos repas au restaurant. Ils auraient pu faire de même. Mais non, je ne les revis pas...

      Supprimer