vendredi 23 septembre 2016

Seul sur la plage

Je suis parti marcher dans le maquis de cette île méditerranéenne où j'avais échoué dans des circonstances totalement improbables. Je m'étais levé tôt, j'espérais trouver un petit port calme où j'aurais pris un café au lever du soleil. Mais je découvrais ce qu'était une côte aménagée et privatisée.

Deux jours avant, je passais la nuit dans cette ville que j'aime tant. J'avais réservé un vol pour le lendemain matin. J'étais épuisé par ce dernier épisode. J'avais mal dormi de cette peur insoutenable quand la chair de ta chair est touchée. J'avais canalisé pour faire face, rassurer autour de moi, organiser ce qui devait l'être très vite. Maintenant que cette journée harassante s'achevait, j'hésitais à recevoir cet homme avec lequel j'avais échangé de temps à autre par curiosité réciproque. Il se trouvait que nos présences en ville coïncidaient. Il était très indécis, je n'avais pas envie de le brusquer, il a choisi de venir. C'est une bel homme pour son âge même s'il ne ressemblait pas tant que cela aux images qu'il m’avait envoyées. Le plus troublant fut son parfum, j'aurais pu dire son odeur car j'ai longuement douté, mais dans ses bras j'ai compris à d'autres subtilités odorantes qu'il s'agissait bien d'un parfum mais très musqué. Je sais désormais que je n'aime pas le musc qui me fait trop penser à des odeurs corporelles désagréables. La connivence des corps est pour moi intimement liée au parfum de la peau. Je ne pourrai pas le revoir.
Maintenant que j'étais apaisé je pensais à cela dans un vieux bourg de cette île que je n'aurais pas cru aussi visitée en cette mi-septembre. J'étais accoudé à une rambarde juste sous la porte du rempart qui domine le port. Je voulais voir la mer mais la nuit sans lune était très sombre. Je fumais une demi-cigarette - je l'avais cassée dans ma poche - en regardant les lueurs de quelques bateaux et des balises du port. Dans la pénombre je voyais à mes pieds un buisson de bignones dont les fleurs étaient d'une couleur mauve pâle que je n'avais jamais vue pour cette liane. L'air bruissait des voix estivantes, les restaurants étaient bondés, de temps à autre, une langue étrange mais non étrangère prenait le dessus accompagnant les pas d'insulaires.

J'ai marché dans le maquis pour atteindre une plage déserte. Je me suis dénudé pour aller vers la mer. L'eau était douce et tiède. J'ai marché droit vers le large jusqu'à ce que les vagues éclaboussent mon ventre et mouillent mon sexe. J'ai glissé dans l'eau pour nager malgré la douleur qui n'a pas encore disparu sur mon côté gauche. La tiédeur m'a délassé, j'aurais aimé un peu plus de soleil mais les nuages prenaient place. Plus tard quand je fus allongé sur la serviette, je n'ai pas senti les rayons sur ma peau mais ce n'était pas grave, cet instant de sérénité était suffisant laisser la pression s'éloigner. Tout était prêt, ce soir j'allais repartir vers le continent, le rapatriement sanitaire était organisé, je n'avais plus grand chose à faire. J'aurais pu rester la matinée sur la grève, peut-être des gens m'auraient rejoint, mais quand je jetais un bref regard sur mon phone les ondes avaient disparues. Je ne pouvais rester injoignable, ma tête brune devait pourvoir compter sur moi à tout moment. Je me suis rhabillé, il était déjà huit heures. J'ai pris un autre chemin pour rentrer, à flanc de colline celui-ci alors que le premier était en fond de vallon, je me retournais parfois vers ce petit havre de paix qui m'avait accueilli une petite demi-heure, il n'en faut parfois pas plus pour s'apaiser.



5 commentaires:

  1. Joli texte d'une belle ambiance toute imprégnée de mystère, d'inquiétude, où l'on respire l'odeur de la myrte...

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  2. Salut FM.
    Celeos, le myrte, la myrrhe, peut-être une petite confusion ?
    En tous cas, je n'ai rien senti, il était trop tôt, le soleil était encore très bas et voilé.

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  3. J'aime parfois m'égarer dans les genres... J'ai toujours dit une agave, une bite...

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  4. Agave est masculin, curieusement puisqu'en grec cest féminin si je ne m'abuse, d'où ta préférence. Quant à giga-bite c'est féminin, si c'est bien ce dont tu parles !

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