lundi 29 août 2016

Sortie de route

Je t'écris des urgences. La deuxième fois de l'été. Il est dimanche. Bien que je ne sois pas censé travailler en ce jour du seigneur d'autrefois, celui de l'époque où on pouvait s'arrêter sereinement pour la dimanchade sans craindre d'être débordé le lundi ou sans avoir à répondre à des impératifs de date fixée par une technocratie qui n'a jamais mis les mains dans le cambouis.
Il fallait que je me change les idées et j'ai choisi de ventiler mon esprit par un tour de vélo. Je m'étais demandé s'il était bien prudent de laisser l'ouvrage en plan. Et s'il m'arrivait quelque chose ? J’évacuais ces idées grises, je n'allais pas imaginer la chronique d'un accident annoncé.
Au même instant dans une maison de village, l'après midi touchait à sa fin. L'on se préparait à quitter les lieux. Tout était prêt. La voiture démarra et pointa son nez dans la rue étroite aux trottoirs fraîchement refaits. La visibilité était nulle et je ne crois pas avoir vu le regard du conducteur tourner sur sa gauche, du côté où j'arrivais.
Mais j'étais encore assez loin pour anticiper. Je me sentais en forme. Je devais dans un détour de mon chemin croiser Mateo, ce jeune homme qui occupe mes pensés depuis le début de l'été. Je regardais de part et d'autres les belles maisons rurales de ce vieux village.
Et soudain je vis avec effroi une seconde voiture sortir. Je frémis à l'idée que le chauffeur n'allait peut-être pas tourner la tête. J'espérais arriver à passer entre l'avant et le trottoir. Non ce n'était plus possible. Freiner à fond, débloquer les chaussures. Le vélo se cabre, la fixation résiste, trop tard, la chute sur l'angle du trottoir, les côtes plient en souplesse, puis reprennent leur place. Un peu plus loin, le chauffeur voit la chute dans son rétroviseur.
Je me relève. Le pressentiment me taraude, pourquoi ne l'ai-je pas écouté ?
La suite est tout aussi banale. Le gars s'occupe de moi. Je sais déjà ce qui va arriver. Je vais faire un malaise vagal, il appellera les pompiers de peur que je lui claque entre les bras, les pompiers me conduiront aux urgences, je rentrerai à pas d'heure et je serai dans le rouge encore une fois.
Tout s'est joué à quelques dizaines de secondes. Est-ce cela la vie ? Quelques instants de plus ou de moins et la voie est libre ou pas ?
Je ne vais pas me plaindre. Je n'ai jamais manqué de chance. Mon tiers a dû me trouver étrangement calme et serein.
Et ce pompier qui s'est occupé de moi, terriblement canon...


PS : je suis effectivement rentré à pas d'heure, mais tout allait bien à part de sérieuses contusions qui vont m'empoisonner la vie quelques jours.

4 commentaires:

  1. Fais gaffe à ce qu'il n'y ait pas de troisième fois: ça pourrait être plus grave. Se faire câliner par de beaux garçons ne justifie pas tout !

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    1. En fait, c'était ma troisième en moins d'un an... Donc ça va, je suis sauvé...

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  2. Que ne ferais-tu pas pour passer dans les bras d'un joli pompier? as-tu vu leur dernier calendrier d'ailleurs? ici: http://tbiet.blogspot.fr/2016/09/sexy-les-pompiers-sont-de-retour-avec.html
    Trève de plaisanterie, j'espère que tu t'es remis. Fais gaffe quand même! bises

    Romain

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    1. J'irai voir le calendrier... Pas tout à fait remis, j'ai très mal aux côtes, faudra sans doute que je fasse d'autres radios. C'est plutôt aux voitures qu'il faut dire de faire gaffe ! Bises.

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