Je partais pour un festival

Je devais passer deux jours dans ma ville préférée. Comme d'habitude j'avais essayé de préparer mon séjour afin de ménager un de ces instants secrets qui me comblent. Mais j'ai beau avoir pas mal de contacts, la disponibilité des uns, les hésitations des autres et les changements de programmes d'autres encore, sont autant de facteurs qui te ramènent parfois à une soirée tristounette dans une chambre d'hôtel passable. Mais là ça se bousculait.
Un de mes tchats de juin dernier était réapparu récemment sous un autre profil. Nous avions bien discuté avant l'été avec une promesse de rencontre en septembre, puis son profil initial avait disparu. Une connivence agréable s'était instauré entre nous. Il prévoyait d'être un visiteur très matinal avant d'aller bosser.
Il y avait aussi l'hypothèse de revoir Théo mais sa soirée était chargée. Je proposais de venir dormir tout en vérifiant son heure de départ pour son travail.
Ben n'était plus disponible mais c'est Jean-C qui apparaissait alors avec pas mal d'insistance pour me recevoir, photo très agréables à l'appui.
Tout cela en continuant à discuter avec Milan qui hésitait de moins en moins. Nous nous étions toutefois mal compris. Je lui proposais un rencart jeudi en soirée et il m’annonçait qu'il s'était libéré l'après-midi. Sauf que je ne pouvais m'échapper de la réunion que je devais animer, pour cause.
Mardi je mettais à jour un post tout en tchattant vaguement avec Romain, qui devait certainement regarder son mobile discrètement en regardant la télé avec la femme de sa vie. Je vois un message apparaître. Will me souhaite la bonne année avec retard. S'il y a bien quelqu'un dont je ne pensais plus entendre parler, c'était bien Will. Je l'avais même supprimé de mes favoris puis de mes contacts. 5 secondes après sa lueur avait disparue me laissant un petit sourire aux lèvres. Il revient un peu plus tard et suggère une nouvelle rencontre. Justement il est sans doute dispo jeudi, ce qu'il me confirme le lendemain.
Je n'avais pas prévu prévu de faire une nouvelle performance, d'autant que j'avais quand même un peu de travail à boucler en soirée, mais voilà ce qui était en train de se dessiner : une fin d'après-midi avec Will certainement à mon hôtel, la soirée chez Jean-C, puis revenir à temps pour accueillir Théo pour la nuit après son diner, et pour finir le visiteur matinal. Plus une chouette chambre d'hôtel.
C'est l'inconvénient de ce type d'organisation, un coup tu n'as personne, une autre fois ils sont prêts à te retrouver. Et je ne me voyais pas opérer une sélection.
C'était sans compter sur elle. Celle que j'attendais avec impatience depuis déjà plusieurs semaines mais pas au point de me faire exploser l'emploi du temps.
Son compagnon était déjà arrivé depuis plus d'un mois, mais elle se faisait espérer en se contentant de minauder sur les hauteurs.
Tu comprends ?
La neige, bien sûr, toujours en retard sur l'hiver.
Dès lundi elle s'était étendue à basse altitude et menaçait de ruiner mes prévisions.
Ce qui fut fait.
Je suis resté au chaud et en sécurité dans ma campagne.
La journée annulée se finissait quand je reçois un sms.
Je suis en route vers la ville et je suis là dans 20 mn.
Non !
L'improbable Milan s'était enfin décidé.
Le seul que je n'avais pas prévenu de mon renoncement.
Imagine la déception réciproque.