samedi 17 janvier 2015

Glanes #4 folie

Ma plume est restée en suspens. Je ne sais plus ce que j'ai glané avant ce funeste mercredi.

Mercredi de Charlie

A posteriori je revois le 11 septembre. Je suis sur la route. A la radio j'entends une information qui semble irréelle et me glace le sang. Juste avant de rentrer dans un tunnel professionnel. Même scénario ce mercredi. J'entends le Président en direct de Charlie hebdo. Je passe un moment hors du temps. Quand j'émerge dans le réel vers la fin d'après-midi, je me précipite vers les médias.
Je sais où je devrais être. Place du. Je le lis sur un blog ami.
Mais je suis d'une autre manifestation moins spontanée. Il y aura une petite minute de silence. Pourquoi les minutes de silence durent elle si peu dans les cérémonies officielles. En même temps on devrait pouvoir crier.
Je passe un moment à serrer des paluches. J'ai envie de partir. J'étale un mauvais pâté sur du pain.
Quand je peux enfin partir j'ai envie de me doucher et de courir voir s'il reste du monde là où tu sais.
Je crois qu'il est trop tard. Après la douche je ne repartirai pas. Je ne regarde plus les infos. Je passe le reste de la soirée à chatter pour trouver le gars qui me fera oublier. Il est trop tard aussi.

Jeudi après Charlie

Les images sur la télé dans la salle de l'hôtel.
Autres tunnels. Puis à midi, la minute officielle.
L'après-midi je suis en pause assistance troisième âge. Mini débat sur la peine de mort...
Encore. Toujours. Comme si ça devait régler quelque chose.
Je crains les analyses, les interprétations, les conclusions de tout ça.
Je n'écoute pas la radio en rentrant. Des voix m'envahissent. Celle de Nougaro disant la lettre ouverte de Julos Beaucarne. Le monde est une triste boutique, les cœurs purs doivent se mettre ensemble pour l'embellir, il faut reboiser l'âme humaine. Il y croise Ferrat avec la lettre d'Ethel Rosenberg. Joyeux et vert mes fils mes fils joyeux et vert, sera le monde au-dessus de nos tombes. Sur le moment, je ne distingue plus les deux chants. C'est peut-être le même.

Vendredi de l'hyper casher

Sur France inter, François Morel me donne envie de pleurer. Il reprend Julos Beaucarne. Je pense de toutes mes forces qu'il faut s'aimer à tort et à travers. Écoute-le si tu ne l'as pas entendu.
Encore un tunnel d'une journée, sans lien avec le monde, internet passe mal. Et puis juste avant de rentrer, l'information tombe sur le dénouement.

Samedi après tout ça

Dans la rue enfin. Une petite ville. Un monde impressionnant.
Je ne peux être d'aucun autre défilé.
Je cherche un article de l'été dans l'Obs, le numéro sur Dieu. Mais je l'ai déjà jeté. Il était question du monde qui ne devient pas religieux contrairement à ce qu'on lit souvent. Le monde est de plus en plus laïque y compris chez les musulmans. Mais ce serait une cause de la fanatisation des non-laïques chez les musulmans comme chez les catholiques. Nous en savons quelque chose, non ?

Dimanche pour Charlie et les autres

Je suis à Paris par les images. J'envoie des sms aux copains qui y sont, je reçois du direct.
L'Histoire nous dira si on finira par dater en années après Charlie. Il le faudrait.

Lundi

Je lis des choses. Il faut éduquer.
Certes.
Il faut des horizons aussi. Économiques et sociaux.

Mardi

Il y des jours où je n'ai même pas le temps de penser.
Juste. J'ai passé la journée avec le formateur très mignon d'avant Noël.

Mercredi

J'entends la Marseillaise entonnée à l'unisson par les députés la veille. Même si je n'ai pas appris la musique pour accompagner l'arsenal, j'avoue que j'en ai le frisson.

Jeudi

Sur le droit au blasphème. Je sais plus sur quelle radio. Rappel de l'histoire du chevalier de la Barre, en 1766, ce jeune homme de 19 ans jugé pour impiété, décapité et brûlé avec le Dictionnaire philosophique de Voltaire. Ce dernier n'arrivera pas à le réhabiliter et il faudra attendre 1794. Si tu aimes les romans historiques façon XIXe siècle, c'est le premier ouvrage de Michel Zévaco, réédité il y a quelques années. 

Vendredi

Le téléphone sonne sur France inter. Dans les familles croyantes qui se laïcisent, la crise d'adolescence peut conduire à la fanatisation religieuse par opposition. Certains terroristes sont passés par là. Éduquer lisais-je en début de semaine.


On se retrouve bientôt.


1 commentaire:

  1. J'étais au bord des larmes pendant plusieurs jours. Aujourd'hui, je me pose pleins de questions. Eduquer, oui! eduquer! il y a du boulot! et ouvrir nos gueules!

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