Un instant de trouble

J'avais rejoint le cercle professionnel qui célébrait un moment public partagé. Un de ces instants qui ont quasiment disparu depuis des mois de situation sanitaire précaire. Je me suis rapproché d'un collègue apprécié. Notre salut a pris une forme étonnante dont j'espère qu'elle ne fut pas captée par les photographes. De sa haute haute taille, il s'est penché vers moi, sans doute allait-il me faire la bise. Mon corps s'est évaporé dans une sorte de chassé-croisé où je n'ai plus su quoi faire de ma joue, ma bouche, mes bains et mes bras. Je savais plus quelle partie devait rencontrer l'autre. Les codes ont à ce point explosé que j'avoue ne savoir plus quoi tendre et que le plus simple est pour moi devenu le simple salut de tête et du regard.

Il y a beaucoup d'écrits sur les habitudes françaises paradoxales pour le reste du monde. J'ai consigné pour ma part quelques épisodes et perceptions en la matière. De ce point de vue, la situation sanitaire a été pour moi, une forme de soulagement mais maintenant que des ouvertures se ménagent, tu n'imagines pas le nombre de ceux, filles ou garçons, qui me tendent la joue, et me mettent mal à l'aise. La poutounade en public avec les garçons, je ne m'y ferai jamais je pense...