jeudi 18 avril 2019

Tu as pensé aux moineaux ?

Je rentrais. Je m'étais assoupi à l'arrière de la voiture. Je me suis réveillé. J'ai allumé le téléphone et ouvert l'appli de l'Obs. La nouvelle était irréelle. Notre-Dame de Paris brûlait. Je restai incrédule, sans émotion. Une chose impossible. Quinze jours auparavant, je traversais le parvis. La flèche était noyée dans le brouillard. Elle allait s'effondrer.

J'ai lu les premières réactions. La compassion pour les catholiques en premier. J'ai été choqué. J'ai pensé à ce que représentait Notre-Dame pour moi, non croyant. Quelle symbolique, puisqu'on évoquait un monument national, une culture, un peuple, des racines. J'ai vu surtout le génie des bâtisseurs du Moyen âge et la puissance religieuse et politique, l'alliance ancestrale du sabre et du goupillon. C'est curieux, parce que la première fois où j'ai vu Notre-Dame, je l'ai trouvée bonasse, pas si haute en fait, pas si impressionnante. Notre-Dame, c'était avant tout pour moi, le souvenir du 12 avril 1229, Raimon VII de Toulouse, nu en chemise, faisant allégeance au Pape et au Roi. Oui, je te parle d'un temps que le roman national a tenté d'effacer. Et finalement, à chaque fois que j'y suis entré, j'ai éprouvé, je crois, ce sentiment du protestant qui pénêtredans une église catholique.


Le soir j'ai regardé la télévision.  Les commentaires s'enchainaient sur fon de cathédrale en feu. J'ai vite éteint. Sur la 2, passait BFM-TV.

Après avoir entendu Stéphane Bern, j'ai pensé à un billet. Je l'aurais titré "ma petite Notre-Dame, ce libéralisme va finir pas nous coûter la peau du cul", eu égard à la gestion probabiliste de la mise en sécurité des monuments.

Mais la souscription est arrivée. J'ai vu défiler le compteur bien plus vite que pour le Sidaction ou le Téléthon. La fondation Abbé Pierre s'est rappelée au bon souvenir des donateurs. J'ai pensé aux peuples qui crèvent dans l'indifférence absolue. Aux langues qui meurent avec la bénédiction de la République.

Personne n'a pensé aux moineaux.
Cui, cui, cui, dit un moineau gris, je suis le maître de Paris. 
Du haut des tours de Notre-Dame, je le dis et je le proclame, 
Cui, cui, cui, cui-cui-cui-cui-cui.

Sur le parvis, le président devenait de droit divin.

Le temps s’arrêta, on ne parlait plus que de ça. On nomma un général pour s'occuper de l'affaire et la mener tambour-battant. 





6 commentaires:

  1. J'ai une éducation protestante. Ma spiritualité aujourd'hui est d'ordre néo-chamanique. Le discours général de ces derniers jours me fait réagir comme toi, avec plus d'acrimonie car je ne suis pas Français. À mes yeux, c'est tellement passéiste par rapport à ce que notre planète nous implore de prendre en compte aujourd'hui...

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    1. Oui, il y a tellement mieux à faire. Français, mais encore plus outré aujourd'hui, les villes de Toulouse et d'Albi, le Département de la Haute-Garonne et la Région Occitanie ont décidé de donner. Aucune conscience historique, alors que par ailleurs le patrimoine régional n'est pas soutenu par l’État à la hauteur nécessaire.

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  2. Il faut un t dit le moineau :
    cuit-cuit-cuit !

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  3. cui cui cui le petit oiseau joli….quand on a mangé de la merde, faut pas l'chanter sur tous les toits _ (chanson des Compagnons de la chanson et pour une fois le soliste n'était pas Fred Mella mais Jo Frachon) juste pour rebondir sur les moineaux de Paris qui ne sont pas les pigeons de la République (je suis un Belge principautaire de LIEGE dont une cathédrale fut détruite sous Napoléon I ) je rejoins l'avis architectural , pour moi Chartres est plus belle ._

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    1. Il parait mais je n'ai vu Chartres que de loin, de l'autoroute, en roulant vers Fontevraud...

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