samedi 26 mai 2018

Une bonne dégustation

J’avais pressenti que le nu-apéro auquel j’avais été convié serait un lapin. Le contact ne se reconnectait pas. Quant à Willy, qui me drague depuis quelques mois et guette tous mes passages parisiens, il était coincé par un dîner. Il m’aurait bien amené avec lui mais c’était trop tard pour prévenir ses amis. J’avais aussi une négociation professionnelle en cours de résolution pour laquelle je décidai de rester accessible tant qu’elle ne serait pas réglée, même si cela tardait, et pour cause puisque la conclusion fut posée peu avant minuit.

J’écris dans l’avion. Crois-tu possible qu’on puisse aujourd’hui se passer du rouge sur les ongles pendant un vol ? Eh bien oui. Une odeur d’acétone est en train d’envahir la cabine et ma sensibilité aux substances chimiques volatiles risque de me faire tourner de l’œil.

J’avais branché l’ordinateur. Il était connecté sur Roméo, le son allumé. Je comatais nu sous la couette, les oreilles branchées, prêt à prendre la communication professionnelle attendue, portant l’écran du téléphone à mes yeux quand l’ordinateur bippait ou quand je recevais un sms de Willy en direct du dîner. Vik s’interrogeait encore sur notre rendez-vous du vendredi qui devait l’embarquer vers les plaisirs entre hommes. Une conversation partit soudain avec un gars dont une des photos de profil m’avait accroché, un beau visage souriant à gorge déployée vers l’arrière dans une matrice de gueules. Il hésitait à conclure à cause d’un mal de tête lancinant depuis la fin d’après-midi dont le paracétamol n’avait eu raison.
J’ai horreur des tergiversations. Je lui balançai un coup direct. Écoute, j’arrive, je te masse et après on fait l’amour cool.
Quinze minutes plus tard je toquais à sa porte, dans un ancien hôtel du Marais recoupé en beaux appartements aux grandes fenêtres et plafonds hauts.
Il avait le sens de hospitalité et m’offrit à boire. Un rhum vénézuélien ambré qui avait l’odeur et la saveur d’un vieux cognac. Très intéressant.
Mon hôte avait quant à lui la saveur d’un homme jeune même si sa peau manquait légèrement de tonicité.
L’un des plaisirs du massage est de commencer par le dos sans avoir vu la virilité de l’autre se déployer. On a tout le loisir de laisser libre cours à son imagination tandis que nos mains pétrissent. Quand je le retournai, il arborait une fière et grande queue dont j’espérais aussitôt qu’elle pourrait me posséder. Ainsi fut fait car il eut l’âme d’un actif et je pus poursuivre mon apprentissage. Oh il y a fort à faire encore pour que je maîtrise bien certains aspects rétroactifs !
Il était doux et attentionné, m’informant avec sensualité de ses avancées. Je ne croyais pas qu’il arrivât aussi loin. L’intensité du bonheur qu’il m’offrit me désespéra de devenir intouchable au point de ne pouvoir l’accompagner dans sa propre jouissance. Je regardai monter son plaisir pour ensuite le serrer contre moi dans le partage de nos humeurs.
Les minutes qui suivirent furent très câlines. Je finis aussi le verre de rhum. Déjà mon ardeur revenait, le mal de tête lui était passé, il n’était pas prêt à se retourner mais il me mettait le feu au manche. Il aurait fallu lubrifier car sans cela ,j'allais finir avec une belle irritation boursoufflante. Je l'arrêtai, il se faisait tard et il ne semblait pas prêt à me garder pour la nuit.
On se quitta sur ce.
Je me retrouvai dans la rue, un peu affamé. Je n'avais pas mangé. Je fis le tour du quartier. Rue des Archives, je fus attiré par une belle entrée de vieil hôtel moyenâgeux. Je déchiffrai la plaque. Je frissonnai dans ce passage mal éclairé à la pensée qu'en ce lieu, par une nuit d'été 1572, des catholiques assoiffés de pouvoir s'apprêtaient à massacrer les protestants de Paris. Je n'ai jamais aimé les Guise. Il ne reste que cette porte de leur hôtel largement remanié et reconstruit par la suite, qui abrite depuis le début du XIXe les archives nationales. Qu'on ait pensé un jour y installer la Maison de l'histoire de France, en dit long sur la culture de ceux qui revendiquent un roman national.
Mon étape suivante fut une épicerie de nuit, où j'achetai trois bananes qui servirent de collation nocturne en remontant la rue Beaubourg.
Le prochaine fois, je noterai le nom du rhum.


2 commentaires:

  1. Alors le rhum vénézuélien, serait-ce le diplomatico ?
    Et tu m expliques :”il y a fort à faire pour que je maîtrise certains aspects rétroactifs “
    . J ai une idée mais comme je pense être encore moins expérimenté que toi, je demande!
    Tes histoires me fascineront toujours , j ai l impression que rien de tel ne m arrivera ‘

    Bises

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    1. Pour le rhum, je vais lui demander.
      Pour le reste, euh, comment dire, là je me sens un peu gêné soudain, c'est hyper intime ce que tu me demandes, bon c'est vrai que je ne suis pas trop farouche mais je vais te répondre en mp...
      Bises

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