mardi 14 février 2017

Je devais prendre le train

Rien ne se passe souvent comme je l'avais prévu. On pensera à un lieu commun. Pourtant nombre de vies sont bien réglées et laissent peu de place au hasard. Moi, j'ai beau planifier et essayer d'organiser, la part d'aléas reste exceptionnellement élevée dans ma vie. Tiens par exemple ce dernier jour où je devais prendre le train pour partir en réunion dans cette ville que j'aime tant.
J'avais réservé une voiture mais ma préparation avait pris du retard. Dans ce cas le train est idéal. Mais nos joyeux cheminots étaient dans une de ces grèves récurrentes et aléatoires. Je n'ai eu d'autre choix que de me lever très tôt pour finir de réviser un diaporama puis de repasser au bureau chercher une voiture. La journée fut longue, j'intervenais en monologue mais je pense avoir lassé une partie de l'auditoire malgré mes efforts pour dynamiser la présentation. J'arrivais à capter quelques regards intéressés mais mais insuffisants pour compenser ceux bien vagues de la petite pimbêche du premier rang à ma gauche. Au retour, j'étais un peu fatigué. Il y avait bien longtemps que je n'étais revenu seul en voiture. La plupart du temps, je suis en covoiturage et je n'ai pas de question à me poser... sur un arrêt éventuel à ces deux aires où j'ai déjà tant fait de pauses.
Je n'ai pas résisté à la tentation.
La première étaient bien garnie mais je trouve qu'elle est d'autant plus glauque qu'il fait froid et humide, car il est difficile alors de s'éloigner du petit bosquet où trop d'hommes vont et viennent. Je n'eût guère le temps de réfléchir, la tempête s'est levée, des rameaux secs ont commencer à tomber. J'ai pris le large.
Je n'eus d'autre choix que de m'arrêter à la deuxième, poussé par une envie pressante. Je soupçonne cependant ma vessie d'avoir noué quelque alliance objective avec une certaine partie de mon cerveau car le passage ici est souvent assorti d'une pression quasi-intolérable...
Quelques voitures étaient arrêtées devant le bloc mais personne ne me suivit comme cela arrive souvent. En repartant, je croisais le regard d'un jeune homme barbu assis au volant d'un véhicule à l'arrêt.
Je pris la boucle. Une des voitures m'a suivi. Je ne savais pas laquelle. Elles se ressemblaient toutes, de ces modèles banals, véhicules d'entreprise blancs type Clio. Il s'est garé un peu plus loin devant moi. Je suis sorti dans le froid glacial, on sentait la neige proche. Je n'avais pas pris mon manteau de peur d'un incident gênant.
C'était bien lui qui était appuyé sur la carrosserie côté bois. Un joli garçon sombre à la barbe mi-longue d'une grande douceur. L'échange fut vif comme l'air qui fouettait mon torse qu'il avait dénudé. Je ferme les yeux en repensant à sa bouche tendre, à ses lèvres puis ses mains sur mes tétons enflammés. Quand il ouvrit mon pantalon et se saisit de mon sexe, je sus que je ne tiendrais pas longtemps tant l'intensité était grande. Il m'accompagna très vite dans la fulgurance, dans la pénombre je vis sa semence jaillir comme des traits de lumière.
Quelques mots sont venus, une dernière étreinte, une envie de se retrouver sans vraiment se le dire, sans vraiment faire le nécessaire.




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