Des années après, j'ai toujours l'impression d'être pour elle un corps étranger. Elle n'a jamais accepté ou compris ma manière d'être, de penser, de faire. Ce qui vient de moi n'est pas pensable. Chez elle on n'a jamais fait ci, pensé ça. Elle me regarde souvent avec un air bizarre totalement dépourvu d'empathie. Comme je reste égal, elle pense que je lui résiste, que je ne l'aime pas.
C'est une femme difficile à aimer même si je ne me pose pas la question en ces termes.
Elle ne supporte pas que je fasse des choses de femme pour sa culture. Je devrais ne toucher à rien. Quand elle me demande où se trouve un ustensile de cuisine, elle le formule toujours en demandant où sa fille le range. Elle veut toujours m'apprendre à faire ce que je fais aussi bien qu'elle depuis des lustres.
Elle a le don de m'exaspérer comme au deuxième jour. Car au premier, je ne me suis pas rendu compte. A la longue j'ai fini par me demander si elle le faisait exprès ou si c'était une part d'elle inconsciente ou irrépressible.
Elle a le don de m'exaspérer comme au deuxième jour. Car au premier, je ne me suis pas rendu compte. A la longue j'ai fini par me demander si elle le faisait exprès ou si c'était une part d'elle inconsciente ou irrépressible.
Elle revient sans cesse sur sa vie, comme toujours à cet âge avancé. Elle peut avoir des souvenirs intéressants mais la plupart du temps elle les repeint en gris ou en noir. Elle n'a jamais de recul apaisé sur ce qu'elle a vécu. Elle se bat encore pour son métier comme si elle n'avait pas arrêté il y a 20 ans et nous parle de choses révolues comme si elles étaient d'actualité.
Et cette façon de se sentir obligée de toujours me parler de mes
parents, avec un ton peiné presque larmoyant, sans doute parce qu'elle est
obsédée par la venue de sa propre mort.
Je sais qu'en réalité elle est dépressive et n'en finit pas de tourner en rond dans sa tête.
Quand elle est là, je m'évapore la journée et je me couche tôt le soir.
Il faut que je m’habitue pourtant, enfin...
Bientôt, elle viendra plus souvent. Elle partagera notre vie.
J'en suis d'accord, il faut seulement que j'arrive à mieux prendre sur moi.
Je sais qu'en réalité elle est dépressive et n'en finit pas de tourner en rond dans sa tête.
Quand elle est là, je m'évapore la journée et je me couche tôt le soir.
Il faut que je m’habitue pourtant, enfin...
Bientôt, elle viendra plus souvent. Elle partagera notre vie.
J'en suis d'accord, il faut seulement que j'arrive à mieux prendre sur moi.
Chez nous, en bas à l'est, quand quelqu'un tchatche un peu trop, ou médit d'une autre personne, on le traite de "bouche-de-vieille".
RépondreSupprimerJe m'en souviendrai Silvano, je saurai le replacer !
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