Il ne tardera plus je crois. Comme cela se passe-t-il dans une tête chenue quand on commence à trouver le temps long ? Est-ce comme quand, enfant, il nous tarde de grandir ? De quoi avait-il rêvé en cette époque lointaine où il ne mangeait pas à sa faim, où la liberté n'était pas ce qu'elle est devenue ?
Je pense à la veuve noire. Je revois son regard volontaire dans mes yeux quand sa main pétrissait la balle en mousse pour réveiller son côté engourdi. Elle avait eu la force, elle ne voulait pas partir car il lui restait une tâche à accomplir.
Mais lui n'a plus rien à faire. Sa vie est en ordre, lisse comme une pierre de granit poli.
Et il est si seul désormais.
Dans son regard il n'y a plus qu'une tristesse infinie.
Alors pourquoi réveiller ce côté qui est déjà bien loin ? Ses phrases ne sont déjà plus que des bribes sourdes, des mots effilochés dispersés par un souffle court.
A quoi bon s'accrocher ?
Je l'avais vu le dernier, et son esprit s'égarait. Je lui ai pris sa main décharnée et lui ai dit : « Tu lâcher, maintenant, tu peux lâcher ». Je me suis rassis et suis resté encore un peu. Ses yeux regardaient ailleurs. Le lendemain, il était parti.
RépondreSupprimerMerci de ce partage, Celeos.
SupprimerTu es prêt, et sans doute lui aussi. Ton texte pourrait illustrer de nombreuses réflexions que j'avais cet été, sur ces moments si particuliers. courage à toi. Bises
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