vendredi 4 juillet 2014

L'histoire de Maurice. 2, comment il m'a capté

Cela fait trois ans jour pour pour jour. J'ai raconté le tout début et la fin de l'histoire de Maurice. Je devrais dire peut-être mon histoire de Maurice ou avec Maurice. Il me reste aujourd'hui un doux souvenir. Je crois que la nostalgie s'est effacée à peu près. J'ai fait du chemin. Lui aussi sans doute, je n'ai pas de nouvelles. Mes mels sont restés sans réponse, mon sms annuel pour son anniversaire également. De temps en temps je cherche ses traces sur le net. Je sais qu'il a déménagé ou du moins changé de lieu de travail. J'ai trouvé une vidéo de l'été dernier, où il danse, à deux, une fille. C'était agréable et émouvant de revoir son visage. Je n'ai des photos que de dos. Mais la plus belle image de son visage est dans mes pensées.
Il m'a capté par ce bonjour hâtif. J'avais trainé vers les phragmites pour allonger mon trajet et lui laisser le temps de se chausser. Je suis revenu vers le haut de la dune. Bonjour !
Un sourire charmeur.
J'ai répondu. Bonjour.
Il avait à la main son tabac à rouler. Tu m'en offres une ?
Nous avons gagné le haut de la plage, sur les galets, entre la végétation. Il y avait un homme et une enfant en contrebas.
Nous nous sommes assis très proches. Il a commencé à rouler une cigarette. une belle lumière de fin de journée éclairait son visage. Il a cligné des yeux en me tendant la cigarette, puis le briquet. Au début, nous n'avons pas trop parlé, je crois. Nous fumions en nous regardant gentiment. Puis j'ai tendu la main, je l'ai glissé sous son polo, au niveau du bas du dos et je l'ai caressé. Il avait la peau très douce et je lui ai dit. Sa main a glissé sous ma chemise. Toi aussi tu as la peau douce. Des sourires. Et c'est après cet instant que j'ai eu cette pensée.
Je ne suis plus très sûr qu'on se soit embrassés là. Peut-être. Il me reste surtout le souvenir de son visage et de cette belle lumière. Le premier moment où j'ai vraiment aimé être avec lui. Cet instant où je n'ai pas eu peur de la suite.
Nous avons très vite échangé nos prénoms, les vrais. On a ri du mien, un peu daté, mais c'est comme ça, je suis un enfant de vieux...
Un peu plus tard au parking nous avons chacun repris notre voiture. On s'est arrêté pas très loin sur la route, le long d'un bois. Nous avons rejoins le talus de l'étang. C'était un bel endroit, vue sur l'étang et la végétation d'arrière dune. C'est allongés sur un rocher en pente, que nous nous découvrîmes, très lentement. Je me souviens d'un long baiser, puis de la fine toison bouclée de son torse et de son sexe tendu quand j'ai ouvert son jean. L'odeur de sa peau mêlée au léger parfum, ma bouche à sa rencontre.
Puis des bruits de voix, un groupe parcourait le bois au dessus de nous. Nous avons continué un peu mais les voix se rapprochaient. Nouveau départ. Des regards. Doux.
Quelques kilomètres encore à se suivre en voiture, avant de s'enfoncer à pied dans la garrigue.
Nous avons trouvé un bosquet, une chambre d'amour faite d'un érable de Montpellier et de filaires, tapissée de salsepareille, au bord des asperges sauvages.
Dénudés dans cette alcôve, nous avons fait l'amour pour la première fois, j'étais allongé sur le sol, il était face à moi, troublant et émouvant quand il a dit nous avons joui en même temps, c'est bien.
Plus tard nous avons rejoins les voitures, il s'est rhabillé j'étais torse nu, à la main ma chemise que j'avais utilisée pour effacer les traces du plaisir sur nos corps.
Nous revinrent à la plage pour nous rincer, une occasion de jeux tendres dans l'eau. Ces instants étaient fusionnels. Il était serein et sans crainte d'une rencontre.
Ce jour là on a parlé un peu de nous. Il était rassuré de ma situation. Lui voulait savoir avant de s'engager dans une vie hétérosexuelle. Il avait eu une première expérience homo, peu concluante et qui l'avait laissé sur sa faim. Mais il voulait juste savoir comment c'est avec un homme...
Nous sommes revenu au parking, un dernier baiser je crois quand il s'est assis dans la voiture.
Je ne disais plus rien. Je pensais à la question que je ne poserai pas et qui allait peut-être venir de lui.
Elle est venue.
On ne va pas se quitter comme ça ?
Cette question qui maintenant me faisait peur.
Je lui ai juste donné mon adresse mel secrète. Je lui ai dit qu'il verrait plus tard si il voulait me contacter.
Nous sommes partis. Les voitures se sont suivies jusqu'au rond point où nos routes se séparaient. Un dernier salut de la main.
Au retour, j'écoutais un best off de Lou reed. J’étais sous le charme.


2 commentaires:

  1. C'est très sensible, très beau. J'adore. Il y a une grande serenité qui émane de ce texte. Et puis des détails qui me plaisent: "une chambre d'amour faite d'un érable de Montpellier et de filaires, tapissée de salsepareille, au bord des asperges sauvages". Tu m' y amèneras , dans cette chambre de rêves? et .Tu me montreras alors ce que sont les érable de Montpellier, les filaires, et la salsepareille, qui pour moi est un truc recherché par les Schtroumphs, ou par Gargamel, je ne me souviens plus!!
    Dans l'attente de te lire

    Romain

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    1. La salsepareille est une vraie plante... J'aurais du mal à amener quelqu'un d'autre dans cette alcôve, mais on peut en trouver d'autres. A chaque rencontre son ambiance et son parfum, cher Romain.

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