mercredi 27 septembre 2023

Plein soleil

Je ne m’étais pas arrêté depuis longtemps. Ou plutôt, je n’avais pas fait la boucle. J’avais cessé de faire une pause longue à l’époque où j’y rencontrais systématiquement ce gars d’une vallée voisine alors que j’aurais préféré y trouver Patric. Cela devenait un régulier et il voulait que je vienne chez lui. J’avais préféré prendre de la distance puis la crise sanitaire était passée par là et je n'ai plus fait le trajet, les réunions dans la ville où j’aimais aller avaient été transformées en visioconférences. Il y a quelques jours, je suis passé en fin d’après-midi. J’ai fait une pause aux toilettes. On voyait bien la boucle. Une voiture y stationnait. Devant le bloc sanitaire, un gars au physique pas désagréable s’étirait. Un autre hésitait dans sa voiture. Il a fait le choix de quitter l’aire. J’ai pris la boucle. Trois voitures ont suivi puis se sont garées plus loin. Comme l’endroit avait changé ! La société d’autoroute avait pratiqué une coupe claire et toutes les places de stationnement étaient en plein soleil. Là où poussait autrefois une herbe rase sous les ombrages, une végétation plus luxuriante dominait mais sans exagération : l’on sentait une main prompte à éviter tout buisson. La vue était dégagée jusqu’au bloc sanitaire, exposant la boucle au regard de tous les voyageurs qui ne s’engageaient pas jusque là. Deux voitures sont reparties très vite. L’homme au physique pas désagréable est sorti de la sienne et a marché tranquillement dans ma direction. J’hésitais encore, au volant, la main sur la clé de contact. Il s’était passé trop de temps, je n’avais plus l’aisance de l’habitude. Et cette lumière éblouissante... Mais j’avais vu Love de Gaspard Noé la veille. Karl Glusman m’avait émoustillé et j’avais une terrible envie d’un homme et de son sexe bandé. J'y pensais très crûment en fait. Je suis sorti et je me suis rapproché de lui. Nous avons engagé la conversation avec ces banalités comme tu t’arrêtes ici souvent, oui quand je ne suis pas avec ma femme et toi, ça faisait bien longtemps et je trouve que ça a beaucoup changé, quelle lumière ! Une de ses mains passait sur son ventre et j’ai commencé à avoir envie de toucher. Tu ne veux pas qu’on aille sous les arbres là-bas ? Je montrais d’un signe de tête le bois qui n’avait pas été éclairci. Il ne répondait pas vraiment. J’insistai. Et lui, il n’y a personne de quoi as-tu peur ? Justement de ceux qui pourraient venir et des gens qui passent parfois derrière la clôture à deux pas. Je montre. Il n’est pas convaincu. On s’était rapproché de ma voiture et il m’a poussé doucement contre la carrosserie. Je l’ai laissé faire. Il m’a touché un peu plus sur le bas-ventre et a bien senti que je réagissais déjà alors que lui-même restait mou, ce que je détectais bien sous ma main droite. Il a frôlé mes tétons à travers le tissu, a soulevé le teeshirt pour aller flatter mes pectoraux de la main et de la voix, puis brusquement, il a dégrafé la braguette de mon pantalon et m’a dénudé, il a saisit mon sexe raide. J’étais affolé, livré ainsi en pleine lumière. Je regardais à droite et à gauche. J'ai dit non je ne peux pas. Je me suis rajusté, c'était bien plus qu'un rajustement avec ce volume à recouvrir. Il est reparti. Je suis monté dans la voiture et j'ai démarré. Un peu frustré sur le moment mais pas tant que cela.

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