lundi 28 décembre 2020

Glanes #45 l'argent est une ordure

Petite baisse de régime après Noël. Habituellement, cela m'arrive au tout début janvier, le jour de l'an et le suivant. Serai-je épargné la semaine prochaine ?

Noël fut calme, à peu près, comme avant la tempête qui gronde depuis cette nuit. Du calme, avec son lot de non-dits, des messages qui passent cependant par des canaux parallèles. On aurait pu faire comme si, si seulement tes parents. Des histoires d'héritage et d'argent en toile de fond. Certains parlent de supprimer l'héritage, ce serait peut-être plus simple. Ne compter que sur soi. Être profondément désintéressé. Mais il y aurait sans doute des combines. Mais sans doute on abandonnerait les vieux au bord des routes à tour de bras. Ça coûterait cher aussi.

L'argent. Il en sort de tous les côtés. Il faudra rembourser. Peut-être. On ne sait pas. Les économistes ne sont pas d'accord. La science inexacte. Savais-tu que la Banque de France a brûlé des billets en quantité avant que Paris ne soit déclaré "ville ouverte" en 40 ? Plus de 3 milliards parait-il. Dans un incinérateur à ordures ménagères. En son temps, Gainsbourg avait choqué. L'argent est une ordure.

J'avais pensé voir Mateo à Toussaint, sur la route du pays taiseux. Je l'ai gonflé. Tu sais ça me saoule ces rendez-vous arrangés en cachette. J'ai lâché prise. Laisse tomber, je préfère garder le bon souvenir de la dernière fois. Et puis, le nouveau confinement. Je ne suis pas parti. J'ai laissé filer les tombes. Ça me faisait bizarre surtout pour la veuve noire. Je savais que personne n'irait. Et pour les vivants que je vois à cette occasion, dont certains n'en n'ont plus pour longtemps. Des solides néanmoins, passés à côté du virus.

Je parle de Mateo. Les vacances. Il rode à vingt kilomètres. Il est passé sur mon profil Roméo. Hier.

Les insomnies sont devenues fréquentes cet automne. Du mal à m’endormir certains soirs. Des réveils en pleine nuit. Les dossiers défilent alors. Pourtant j'en ferme un paquet en ce moment. J'archive. Pas assez. Je vois tout ce qu'il reste. Alors, je fixe un point, je me concentre, je le détaille, je ne me laisse pas envahir, seulement cette image, une image 3D de préférence, que je regarde sur divers plans, jusqu'à ce que je sombre à nouveau, soudainement. Ces derniers temps, le point, l'image, c’était Mateo, nu sur son canapé, son teint mat, son sourire à légères fossettes, mon regard descend sur son torse puissant qui me fascine par son manque de relief, je descends encore, vers son pubis rasé, son sexe raide au prépuce trop long. Je le trouve si beau. J'ai tellement envie de sa tendresse.

Parfois, c'est Maurice que je retrouve, sur la place, la première fois que je l'observai puis quand nous n'étions l'un contre l'autre à regarder la mer.


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