Je suis au bord d’un lac de montagne. Je repense à Mateo et à ce bout d’après-midi passé ensemble. Une course imprévue m’avait permis de m’arrêter chez lui à trois heures de route de mon domicile. Il avait piscine. Il m’a fait attendre devant l’immeuble. Il est arrivé dans sa voiture un peu sport, ou plutôt avec une conduite un peu sportive. J’ai vu son beau sourire à travers la vitre. Il sort du véhicule comme un rayon de soleil tellement il est halé et ses cheveux couverts de reflets. On hésite à peine quelques fractions de secondes avant de se coller deux bises avant de s’engouffrer dans le hall de l’immeuble et de rejoindre le premier étage. Il me fait visiter son appartement grand et lumineux, bien emménagé même s’il révèle des défauts classiques d’une location, certains manques de fonctionnalité ou des papiers peints qu’il aurait bien changés.
Il me prépare un café. On s’assoit dans salon, pas trop près. Je le regarde parler, ses sourires lumineux, les légères contorsions de son corps ponctuent sa parole, les semblants de fossettes, cette couleur dorée. J’aime bien sa nouvelle coupe de cheveux, il la commente.C’est surtout lui qui parle, il me raconte sa vie, les étapes actuelles, sa famille qui reste lointaine enfermée dans ses schémas. Je donne quelques avis ou retours de ma propre expérience. Il évoque ma situation mais sans s’appesantir et sans acrimonie cette fois.
Je me demande ce qu’on fait là. Il s’est levé et s’est rapproché en revenant s’asseoir. Je me déplace à mon tour. Je lui dis comme je le trouve toujours aussi beau. En moi-même je pense qu’il l’est beaucoup plus que la dernière fois que je l’ai vu où il m’avait paru trop massif. Là c’est différent, peut-être parce que c’est l’été et qu’il est en débardeur. Sa vitalité dorée me fascine. J’ose m’approcher plus de lui même s’il ne donne aucune ouverture. Il n’a pas changé et ne prendra pas d’initiative. Il y a toujours ce décalage entre la manière assurée dont il parle, et comment il gouverne sa vie, et cette incertitude qui tend à me bloquer. Je le touche enfin, du bout des doigts sur ses bras, sa peau très douce aux poils blonds et ses muscles tendus. Il ne sait pas s’il a envie mais pourtant nos doigts finissent par se rencontrer. Nos lèvres aussi. J’oublie qu’il n’embrasse pas à pleine bouche. Je reviens à des baisers délicats. Il ne parle plus, son visage est devenu très grave. Il m’impressionne de ce sérieux. Qu’attend-il de moi enfin ? Je le pousse à enlever son tee-shirt, il déboutonne ma chemise. Soudain il s’attaque à ma ceinture. Une fois nus, il saisit mon sexe avec sa main puis sa bouche et à nouveau sa main. Je veux équilibrer les caresses mais il en veut trop à mon membre. Je lui dit que ça va trop vite, qu’il me fait une trop forte impression, que je ne tiendrai pas. Je m’échappe à plusieurs reprises. Il repart à l’assaut, je manque de jouir dans sa bouche. Il me reprend en main. Je l’écarte, j’espère résister et puis non, je sens la semence monter, je me penche vers l’arrière, elle jaillit sur mon ventre, je jouis de quelques spasmes retenus sous ses yeux inexpressifs. Déçus peut-être, je ne sais. Il y a comme une sortie de vide. Je me demande comment j’ai pu gâcher cet instant. Je voulais m’occuper de lui, je n’y suis pas arrivé ou il ne m’a pas laisser faire. Il se lève et revient avec de l’essuie-tout, me suggère amusé de ne pas en mettre sur le canapé.
Il commence à se rhabiller. Je le rappelle près de moi. Je veux enfin me consacrer à lui, après quelque tendres étreintes et à nouveau ces baisers secs qui le caractérisent. Il se passe quelques instants de corps à corps immobile, on ne parle pas, on laisse passer le courant, comment te dire ?
Je reprends sa queue dans ma bouche. Mais il s’échappe et reprend la mienne en main. Il en veut. Il dit qu’il ne jouira plus. On arrête. Il se fait l’heure de rentrer. On se rhabille. Je ne veux plus de café ni de chocolat. Je l’embrasse pour lui dire au revoir. Je dis qu’on n’aurait peut-être pas dû. Qu’il me faut plus de temps pour s’occuper de lui. Je souris quand je comprends ce qu’il veut dire en suggérant que j’ai plus l’habitude des abricots. Il n’imagine pas combien j’ai fait jouir de gars. Mais lui ce n’est pas pareil. Je n’ai pas su encore apprivoiser son corps. Je dis à la prochaine fois. Il ne dit pas non.
Je pars.
Je suis perplexe. Je ne sais pas si j’ai bien fait. Je me demande si je recevrai un message contrasté comme les autres fois. Mais rien. Je ne sais pas plus quoi en penser. Finalement qu’il m’écrive ou pas c’est le même doute qui s’instille. Depuis, silence radio à nouveau. Il est à la mer. Je l’imagine nu sur la plage, la peau dorée et le duvet blond, un sourire désarmant à fossettes. Je ne sais plus quoi penser mais je me doute de ce que tu en penses.
cool ce texte, merci!
RépondreSupprimermerci xav, je découvre ton blog, de belles histoires illustrées !
SupprimerQuel blog?
RépondreSupprimerPierre
Tu cliques sur xav dans son commentaire.
SupprimerMerci.Cela m'a permis de découvrir un autre blog tout en douceur,celui de Shadrak.
RépondreSupprimerA bientôt?
Pierre