dimanche 25 février 2018

Un joli serveur inaccessible

J'aime l'aventure et les découvertes, mais à d'autres moments il me faut des rituels. Ces endroits où l'on revient, ces chemins qu'on a parcouru tant de fois qu'on peut dire si une pierre a bougé. Ma semaine à la neige est ainsi. Quel plaisir de s'élancer encore sur cette piste qu'on a déjà fait 10.000 fois. On aurait pu changer de station ! Mais non, on aime tout ici, même la circulation bordélique qui nourrit les conversations superficielles.
Et revenir à son café préféré...
Le truc c'est arriver assez tôt pour s'asseoir cinq minutes au soleil levant en température négative, un expresso bien serré sur la table, le fumeur sortira la première cigarette du matin, il ne saura même pas si c'est l'air vif ou la fumée qui lui brûle les poumons, avant d'enchainer les virages jusqu'à 13 heures, puis revenir se poser au même endroit, se faire servir une grillade avant de repartir encore vers les sommets, et juste avant 17 heures être encore de la dernière remontée. On attendra alors la fin de la cohue générale, en buvant un demi, accoudé au bar, car le soleil est prêt de disparaitre.
Mon café préféré, j'aime son ambiance tranquille et ses serveurs.
Depuis la saison dernière, le grand sec à la chemise entrouverte sur un torse dessiné a disparu. Mes rêves de garçons sont désormais servis par un jeune blond au sourire enchanteur, visage d'ange malgré sa moustache claire et un bouc naissant de même facture. Un matin, quand j'ai réservé la table du midi, je me suis trouvé nez-à-nez avec lui. Il m'a souri. C'était grandiose.
La veille on avait plaisanté et j'espérais que nous serions dans ses tables du jour.
Manque de chance, nous avons mangé dedans, il servait dehors, je le voyais de trop loin.
Après le repas, j'ai dû attendre mes compagnons de glisse sur la terrasse. Il virevoltait entre les tables avec l'élégance du snowbordeur. Les sourires qu'il adressait aux clients, je les aurais voulus pour moi seul. Mais pas une seule fois nos regards ne se sont croisés.
J'étais à deux doigt de le filmer.



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