Le cœur solide

Je finissais la semaine de travail. J’ai pris la voiture. Je traversais la ville quand je ressentis des douleurs légères au bras gauche et au niveau du cœur. Je rentrais chez moi. J’avais un aller-retour à faire dans les bois avant la tombée de la nuit. J’ai pensé à la fin. J'allais avoir une crise dans la pénombre. J’aurais peut-être le temps de m’adosser à un arbre. D’appeler le 15, les pompiers me chercheraient à la torche. J’ai pensé que je n’avais rien fini. Que je laissais tout en vrac. On ouvrirait mes tiroirs et mon ordi. La douleur ne grandissait pas. J'ai pensé que tout serait bientôt terminé. Que je ne verrai même pas d’en haut comment ils allaient le vivre. J’ai ressenti un pincement mais celui-ci c’était dans la tête. J’ai fini par penser à autre chose. J’ai fait ma course. Il restait peu de temps. De fines branches me fouettaient le visage. J’ai cru prendre un bois cassé dans l’œil mais je l’ai évité à temps. Je suis remonté rapidement, mon souffle était bon, les douleurs intercostales avaient disparues, des amis m'attendaient à la maison et j’allais passer une belle soirée.