vendredi 28 décembre 2018

L'homme d'un instant d'été

Je m'étais retrouvé seul un week-end. J'avais fort à faire pour avancer quelques travaux. En même temps je restais connecté. Je fus contacté par un jeune homme barbu qui recevait à quelques encablures. Il était en train d'organiser son dimanche. Un de ses réguliers devait passer en tout début d'après-midi mais il n'était pas contre poursuivre par une découverte.
Sa jovialité m'amusa et excita ma curiosité. Entre autres.
Il vivait dans un de ces bourgs défigurés qui hantent la périphérie des grandes agglomérations. Où un habitat ancien non dénué de caractère côtoie des équipements collectifs conçues par quelque mairie dont l'architecte a pu nourrir une passion immodérée pour les constructions staliniennes. Je me suis garé pas très loin. Sur la place, une jeune fille en robe rose attendait, sans doute son amoureux. L'image m'a paru terriblement désuète. Peut-être aurais-je dû la voir rassurante.
Il logeait à l'étage dans une vieille maison. Ses fenêtres donnaient sur le mur et le parc d'une propriété bourgeoise. Il était envahi par les objets. Au fur et à mesure qu'il me décrivait leur origine, meubles surannés et tableaux jaunis, je voyais passer sa courte vie aux parents disparus trop tôt, les frères et sœurs dispersés, et chacun gardant ces quelques souvenirs de jours heureux dans un pavillon désormais vendu. Dans sa chambre un grand lit arrivait à prendre place malgré tout. Nous avons fait l'amour sur une couverture qui piquait un peu. Je n'avais jamais serré contre moi un garçon aussi étroit du buste avec un thorax très arrondi, une conformation très particulière toute en longueur, un corps très mince, couvert de poils sombres, jusqu'à ses belles fesses rebondies. Il parlait sans arrêt, commentant la moindre chose, gloussant de plaisir lorsque mes caresses s'approfondissaient. Une parole simple, sans la moindre vulgarité, joviale comme ses écrits. La fenêtre était ouverte et je m'inquiétai de la dispersion des sons. Ça l'amusait d'autant que la logeuse qui restait au rez-de-chaussée était un peu sourde. La rue était peu passante. J'imaginais que la vieille aimait bien ce jeune homme cultivé et amical. Elle devait fermer les yeux sur ses frasques masculines tout à son plaisir de parler à une belle jeunesse.
Nous avons tourné un moment sur la laine rugueuse. Il me fit un clin d’œil en me tendant un préservatif. Sa chair était encore humide de ses ébats du début d'après-midi. Je prenais la place toute chaude. Les courbes de nos corps s'épousèrent à plusieurs reprises avant qu'il ne m'invite à un numéro de contorsionniste. Il me guida pour que je le rejoigne face à face tout en restant en lui. Ou peut-être fut-ce le contraire. Nous finîmes haletant dans la chaleur de l'été. Je reprenais mon souffle sur la couverture, déjà il se levait. Quand je me rhabillai, il mata mes fesses pour évoquer une prochaine où il serait actif, une fois n'est pas coutume, et je le tentais bien. Je me voyais déjà revenir dans ce lieu étrange qui faisait penser toutes proportions gardées à quelque intérieur néogothique. Je l'ai croisé depuis sur notre appli commune, mais c'est un homme de l'instant qui ne prévoit pas à l'avance et assouvit ses envies avec qui est libre ou passe au bon moment.



2 commentaires:

  1. un feu follet sans doute, tout feu tout flamme en l'instant quand quelqu'un veut bien partager ses histoires puis assouvir son, ses désirs en lui , avec lui _ il en fut un qui m'écouta ainsi lui narrer mes passions , mes voyages, mes expériences puis qui quémanda des caresses ce dont je ne le privai pas , car son corps à découvert révélait toutes les promesses de son regard et des reliefs que son jean bien taillé mettait si bien en valeur _; puis repu , il s'en alla et il m'en reste des souvenirs en plus

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    1. Merci Joseph pour ce témoignage. Et les beaux souvenirs sont de beaux cadeaux de la vie...

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